lundi 8 novembre 2010

Il y a eu une bataille à Vaires ... en 1430

J'ai choisi ce tableau de Franck Craig, "la bataille de Patay" afin illustrer les événements qui sont survenus au mois de mai 1430 dans la plaine de Vaires.

J'espère pouvoir reconstituer un jour cette bataille avec des Perry 28mm!

Itinéraire de Jeanne d'Arc autour de Lagny et de Vaires
8 septembre 1429 : assaut infructueux de la porte Saint-Honorè, à Paris.
12 septembre 1429 : arrivée à Lagny pour la nuit, premier séjour.
13 septembre 1429: départ de Lagny pour Gien.
28 mars-1 avril 1430 : départ de Sully-sur-Loire.
5-7 avril 1430 : arrivée à Lagny pour le deuxième séjour, épisode de l'enfant mort.
17 avril 1430 : départ pour Melun.
18-23 avril 1430 : séjour à Melun.
23-24 avril 1430 : arrivée à Lagny pour le troisième séjour.
1-3 mai 1430 : combat de la prairie de Vatres. capture de Franquet d'Arras.
5 mai 1430 : départ définitif de Lagny pour Senlis.

La date du combat

De retour à Lagny, fin avril 1430, Jeanne d'Arc est résolue à quitter la ville quand elle apprend qu'une troupe de routiers anglo-bourguignons commandée par Franquet d'Arras devait passer à proximité de la ville. Elle décide alors de provoquer une rencontre.
Deux chroniqueurs bourguignons contemporains nous permettent de situer la date de l'enga­gement en citant Franquet d'Arras lui-même :
- Enguerran de Monstrelet précise « à l'entrée du mois de mai ».
- Georges Chastellain note « un peu avant que la Pucellefut à Compiègne » soit avant
le 13 mai.
On peut faire crédit à ces chroniqueurs hostiles à la Pucelle ; il paraît donc judicieux de situer la date du combat entre le 1er et le 3 mai 1430, Jeanne quittant vraisemblablement Lagny le 5 mai.

Le lieu du combat

II reste à déterminer le lieu du combat. « La plaine de Vaires » fut longtemps considérée comme le site de la bataille comme en témoigne la plaque apposée sur le monument élevé à Jeanne d'Arc en 1923. Les travaux de Jean Sterlin paraissent avoir apporté la solution à cette énigme historique.
Perceval de Cagny, d'habitude très précis, laisse un blanc dans son texte : « Elle alla rencontrer lezdits Anglais en grand nombre, plus au 'elle n 'en avoit, entre ladite place (Lagny) et , et fit férir ses gens dedans les autres »
La connaissance des déplacements de la troupe de Franquet d'Arras, permet de remplacer le blanc de son texte par Chelles.
En effet, Jean Chartier situe le combat en île-de-France, donc au nord de la Marne, la Brie commençant au sud de la rivière.
De plus, le bénédictin Dom Jean Charles de Chaugy, auteur présumé du Manuscrit de Lagny document authentique aujourd'hui disparu, mais dont il nous reste la copie, désigne le lieu exact des combats : Jeanne « livra bataille aux Anglais dans la prairie de Vair, et après une action assez vive, elle les obligea de s'éloigner. Ce fut le dernier des heureux exploits militaires de cette héroïne chrétienne »
Déjà aux XIVe et XVe siècles, et jusqu'à la Révolution, le terme de prairie de Vaires désignait l'un des plus anciens lieux-dits de ce terroir. Les documents de l'époque spécifiaient presque toujours soit la « prairie de Vaires emprès Chelles » ou encore « au dessoubz des malins de Noisiel ». Un très beau plan géométrique du terroir de Vaires, dressé en 1778 et conservé au Minutier central, l'indique avec toute la précision désirable, apportant ainsi une preuve de plus.
Le plan géométrique de 1778 situe parfaitement « la prairie de Vaires » à la pointe sud-ouest du terroir de la commune, à cheval sur le canal et sur la zone industrielle de Vaires.
Jean Chartier apporte une précision supplémentaire : « Et vindrent trouver iceux Anglais lesquels se mirent tous a pie contre une haie » II semble donc que Jeanne d'Arc, ayant eu connaissance de la présence des anglo-bourguignons à proximité de Lagny, vint au devant d'eux pour les combattre ce qui les obligea à s'appuyer sur les haies, seuls obstacles naturels dans ce pays plat et en même temps seuls abris permettant aux archers anglais de mettre à mal la troupe de Jeanne et de Jehan Foucault.
Jehan Foucault, commandant de la place de Lagny, connaissait bien la campagne environnante et était à même de conseiller utilement la Pucelle. Pour engager la bataille, il leur était loisible d'emprunter la rive sud de la Marne, de traverser le pont de Gournay proche de la prairie et de prendre Franquet d'Arras à revers en le forçant à s'adosser aux haies.
Cette hypothèse semble plus plausible que la rencontre fortuite des deux troupes ou le passage par le pont de Lagny et la rive nord qui n'aurait pas permis une approche discrète.
La prairie, proche de Chelles, avec ses haies de clôture, est donc bien désignée de façon explicite. En dehors de la prairie, le terroir était constitué par des champs, des parties boisées et des vignes, des marais et de nombreuses parcelles cultivées non cloisonnées, ce qui est en contradiction avec les textes cités. Il s'agit donc bien de la « prairie » et non de la « plaine » de Vaires .
Cela permet aussi de réfuter l'affirmation sans fondement selon laquelle l'église actuelle fut érigée sur le lieu du combat, la mémoire des anciens situant des vignes à l'emplacement de la rue de Chelles, comme le confirme le plan géométrique au lieu-dit « les Vieilles-Vignes »

Le récit du combat

Laissons, pour conclure, place au récit de Georges Chastellain, historiographe de la cour de Bourgogne, récit à la fois objectif et partial, toujours empreint d'une feinte naïveté, mais qui confirme le texte de Jean Chartier sur la déroulement de la bataille.
« Si me souvient maintenant comment ung peu par avant que la Pucelle fust venue au secours de Compiègne ung jour, un gentil homme d'armes, nommé Franquet d'Arras, tenant le party bourguignon, estait allé courre vers Lagny sur Marne, bien accompagnié de bonnes gens d'armes et de. archiers, en nombre de lllc (300) ou environ. Si voult ainsi son aventure que ceste Pucelle,
de aui Franchois faisaient leur ydolle, le rencontra en son retour ; et avait aveuques elle UIIc (400) Franchoix bons combattans ; lesquelz, quant tous deux s'entreveirent, n 'y avoir cely qui peust ou voulsist par honneur fuir la bataille. »
« Si s'entreferrirent et combattirent ensemble longuement les deux parties sans que Franchois emportassent riens des Bourguignons, qui n'estaient point si fors toutes voies comme les aultres, mais de grant valeur et de bonne deffense, pour cause des archiers qu 'avaient aveuques eulx, qui avaient mis pie à terre.
« Laquelle chose quand la Pucelle vit, que rien ne faisaient se encore n'avaient plus grande puissance avec eulx, manda astivement à Laigny toute la garnison. Si fit-elle de toutes les places de la entour, pour venir aider à ruer jus ceste petite poignée de gens dont on ne pooit estre maistre. Lesquelz venuz a haste, reprindrent la tierce battaille encontre Franquet, et là, non soy querant sauver par fuite, mais espérant toujours eschapper et sauver ses gens par vaillance, finablement fut pris, et toutes ses gens mors la pluspart et desconfis ; et lui mené prison-nier...»
On constate que le combat fut rude, meurtrier et longtemps incertain. Après deux assauts contre les archers retranchés derrière les haies, Jeanne vient à bout de son adversaire avec l'aide de renforts appelés de Lagny et des places voisines sous les ordres de Quennedy Escot, Geoffroy de Saint Aubin et le capitaine Baree « lesquels y vindrent en grand nombre à tous couleuvrines, arbalètes et autres habillemens de guerre ». Jeanne et son armée, maintenant supérieure en nombre, « moult endommagent leurs ennemis qui furent tous vaincus et déconfis et la plus grande partie mise à l'épée »'-
Franquet d'Arras remit, selon l'usage, son épée à Jeanne d'Arc qui la portera de Lagny à Compiègne parce que l'épée du Bourguignon était « bien bonne à donner de bonnes buffes et bons torchons, comme elle le précisera au cours de son procès (séance du 27 février 1431).
Jean Charrier ajoute que Franquet d'Arras fut ramené le soir même à Lagny. Son procès dura une quinzaine de jours et la sentence de mort fut exécutée vraisemblablement à Lagny. Les détracteurs de Jeanne lui reprochèrent ce manquement aux lois de la guerre qui permettaient alors d'échanger un prisonnier de marque contre rançon, mais « ceux de la justice de Lagny désiraient entamer le procès dans les plus brefs délais, pressés par les habitants de Lagny et des environs qui avaient eu à souffrir des méfaits des routiers anglo-bourguignons.
De Lagny à Compiègne
Jeanne quitte Lagny le 5 mai. Elle séjourne à Senlis du 5 au 7 mai, puis fait halte une première fois à Compiègne du 13 au 15 mai, pour y revenir dès le 16 mai. Un long périple, par Soissons et Crépy-en-Valois, l'éloigné encore. Elle revient enfin à Compiègne le 23 mai à 5 heures du matin.
Le même jour à 5 heures du soir, elle est capturée par le bâtard de Vendôme. Il lui reste à accomplir son destin...

Sources: La Marne 16/05/1991 et VAIRES-SUR-MARNE AUTREFOIS... AUJOURD'HUI.

Vous pouvez aussi participer
à de moult batailles ludiques et guerroyer pacifiquement
en venant à la deuxième Chevauchée des Dragons de Vaires
le samedi 13 novembre 2010.

Nous serons heureux de vous rencontrer

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